mercredi 29 mars 2017

MAYA MÉMIN DU 15 AVRIL AU 8 MAI


                                                        site :  Maya MÉMIN

Depuis toujours, Maya Mémin s’adonne à la gravure, art qu’elle possède parfaitement, ayant expérimenté toutes sortes de matrices (zincs de toitures, plaques d’égouts, plaques offset d’imprimerie…) et de supports (papier japon, de soie, pelure…). Feuilles, rouleaux, tout lui est bon pour presser, imprimer, retenir, plier – et elle se plie tout autant à son outil, aux limites imparties – non pas pour produire des œuvres numérotées à encadrer mais pour investir l’espace, repousser les murs. Elle a longtemps travaillé le noir en jouant des ombres et de l’épaisseur jusqu’au jour où, visitant l’exposition Rothko en 1994 à Londres, elle décide de s’immerger dans la couleur. Le hasard (trois pots de peinture récupérés dans les rotatives d’Ouest-France) sera primordial : rouge, jaune, bleu. Elle fait confiance à sa presse, à ses débordements inhérents pour accueillir des mauves ou des verts induits par les pliures. Elle grave, elle est peintre. Elle a des gestes méticuleux, répétitifs pour délimiter un espace-lumière. Son travail est un rituel, une surface de méditation. D’ailleurs, Maya Mémin réalise les vitraux de la chapelle de Querrien, près de Quimperlé. Mais qu’il s’agisse de chapelle, bibliothèque, salle de spectacle ou galerie, l’installation de ses bannières, lés, drapeaux ou casaques jetables est à chaque fois une mise en scène de la lumière et de l’éclat des teintes. Au fil des années, les surfaces colorées sont devenues le centre d’intérêt de cette artiste qui expérimente d’autres supports, voiles de bateaux ou colonnes d’altuglas, observant la plus ou moins grande déperdition de couleur selon les matériaux choisis sans que cela nuise le moins du monde à la valeur expressive de la couleur qui semble presque émaner d’une source lumineuse dissimulée. Comme si Maya Mémin jouait de la persistance rétinienne pour que le spectateur retienne longtemps le souvenir des œuvres ainsi que l’on garde la trace du soleil après avoir fermé les yeux.

        Danielle Robert-Guédon,2013

Graver la couleur même 
....La couleur renvoie étymologiquement5 à ce qui cache une surface. Mais à l’encontre du soupçon de corruption des choses ainsi recouvertes, Maya Mémin l’emploie plutôt dans une logique de révélation des matières, des fibres et des structures que le passage sous le cylindre de la presse exalte. Selon Massimo Carboni, « beaucoup plus que la forme – qui procède de l’Idée, de la vision théorique –, la couleur est en relation avec les pulsions profondes, ingouvernables, […] donc au principe de plaisir (alors que le dessin est lié au principe de réa-lité par sa capacité d’identification objectale)6. » Et pour elle, « faire flamber la couleur » constitue une forme de victoire chaque fois qu’elle la pousse à son expression juste, fût-ce au prix de « grincements » - comme elle dit - dans les rapports chromatiques subtilement construits, jusqu’à atteindre « l’épuisement de la source colorée7 ». « La tête dans la couleur », elle ne grave pas en couleur, elle grave la couleur même, issue d’un usage raffiné d’encres typographiques CMJN8, celles utilisées pour la quadrichromie offset du quotidien local, Ouest-France. Tout est toujours essuyé au maxi-mum pour ne laisser que le strict nécessaire de la couleur, sa quintessence. On pourrait presque y voir un positionnement artistique, une véritable esthétique de la retenue.....
Extrait d'un texte de Philippe DORVAL
Philippe Dorval est enseignant d’arts plastiques au Département Carrières sociales de l’Iut de Rennes. Ses publications portent sur l’art contemporain et sa réception. 
http://blogperso.univ-rennes1.fr/philippe.dorval


Parallèlement, depuis 1997, création de nombreux livres d’artistes avec des écrivains et poètes :
JP Abraham, JL Aven,Y Bergeret, JJosse, E Le Cam, M Le Gros, A Le Beuze, D Le Dantec, A Le Saux, F Perche, D Robert Guédon, D Sampiero, N Woog 

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