ARTS RADEN réouvre ses portes |
Sezny PÉRON
Ses noires plaques d’immensité Le noir est son territoire habité, et même les lumières qui frappent l’ardoise, sa matière vive, sont opaques. “Partir du noir, sortir du trou, et taper dans la matière“. Sezny Peron trouble à l’infini le cadre rigoureux d’une forme primitive initiale. Il travaillait naguère, en taille directe, le bois que sculptait son père ébéniste. Des statuettes en ronde bosse. Puis l’abstraction s’est approchée. On pourrait deviner les influences lointaines d’un Marfaing ou d’un Soulages. Et l’ardoise est venue, née d’anciennes carrières des Montagnes Noires de Bretagne… “Certaines ardoises ont vécu, et viennent de toits d’hommes, après contact du vent, de la pluie et du gel“. Matière et mémoire humaine s’étreignent à vif dans ces œuvres tranchées au scalpel. Art d’élan, de lignes, et d’ouverture, avec des structures linéaires parfois implacables, parfois fragiles, “qui vacillent et qui vibrent“. Sezny Peron part d’une structure initiale apparemment simple, ou plutôt simplifiée, pour ensuite la perturber subtilement, sans jamais la bouleverser. Le chaos n’est pas son fort, et chez lui, la création dit et respecte l’énigme de la création…Dans cette œuvre intemporelle et silencieuse, surgissent “des pierres qui défient le temps“. On voit donc des cicatrices d’univers, riches de flux, de souffles et de courants, et des miroirs absorbants, ou même aveugles, d’intime humanité. Sezny Peron crée de pures et sombres vagues d’étendues marquées de plis sensuels, voire de fentes sexuelles. L’espace fendu s’exprime en millénaires faillés qui fouilleraient la puissance infinie des ténèbres. Lyrisme cependant retenu, et toujours pudique, parfois joliment hermétique. Sensibilité pierreuse et secrète, traversée de trouées.Le vocabulaire plastique de Sezny Peron est étonnant de sobriété, de décantation formelle, et de dépouillement mental. Fulgurante austérité. Langage de nudité.Christian Noorbergen
« J'utilise l'ardoise des toits. J'aime leur bleu aux nuances affinées par les années, leurs lignes de surface, leurs vibrations dans le tranchant, j'aime leur dureté de roche, leur fragilité de feuille. » « En passant de l'état de feuille à l'état de bloc, elles me racontent leurs origines... En me dévoilant un peu de leur histoire, elles m'aident à écrire la mienne »
Fabien JOUANNEAU www.facebook.com/jouanneaufabien |
Les œuvres de Fabien Jouanneau sont autant d’invitations à traverser la surface translucide pour pénétrer dans un monde en apesanteur. Un monde qui conjugue l’expansion d’espaces potentiellement illimités et l’exiguïté d’un volume confiné. Intimité et universalité y coexistent et s’entrechoquent, au gré de l’imagination ou des états d’âme du spectateur {…}
Il nous livre une sorte de radiographie – ou plutôt une radioscopie – d’un espace énigmatique, insaisissable et palpitant, vibrant avec la lumière, répondant aux déplacements de l’observateur. On devine, chez lui, une course aussi désespérée qu’effrénée pour s’emparer des réalités vivantes avant qu’elles ne s’anéantissent définitivement. On y décèle une empathie amoureuse pour des riens insignifiants, pour des corps évanescents, à la matérialité éphémère, échappant à l’étreinte au moment même où l’on pense les empoigner. Son travail se ferait ainsi l’écho du propos de Victor Hugo: «Aimer un être, c’est le rendre transparent. »
Louis Doucet, 2015.
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