Arts Raden. Caty Banneville, « l'esprit
de l'eau »
Lorsqu'on entre dans la galerie où
expose Caty Banneville jusqu'au 20 mai, on arrive dans la salle
intitulée « l'eau ». A l'élément « eau »,
à la matière « textile » on ajoute des pigments
naturels rapportés du Maroc ou d'ailleurs et on obtient les trois
clés qu'utilise l'artiste pour produire des œuvres essentiellement
inspirées de la nature, de la lumière avec le souci de laisser au
« lecteur » une impression d'ouverture, de liberté. Née
dans le parc des marais du Cotentin, d'une mère mercière et d'une
grand-mère couturière, on comprend mieux pourquoi l'eau et la
matière textile ont laissé en elle une telle empreinte.
Son séjour aux Marquises : un
moment charnière dans sa vie
Pour Caty Banneville, la peinture ce
n'est pas un passe-temps c'est une thérapie. Après ses études aux
Beaux-Arts de Rouen, elle a fait partie du mouvement textile
contemporain, elle produit des sculptures textiles. « Je
ramassais les ficelles de lieuse, je les teignais de pigments
naturels, j'avais besoin de ce rapport physique avec la matière,
c'était une période très douloureuse de ma vie »
déclare-t-elle. Et puis elle suit son mari, professeur de lettres,
aux Iles Marquises où ils vivent pendant quelques années. Ce fut
une rupture avec sa vie d'avant, à son retour, elle détruit toute
ses anciennes réalisations, la vue de ces sculptures la reliait trop
à ses souffrances passées. L'heure était venue de tourner la page,
de passer à autre chose, le retour à la peinture a été pour Caty
comme une évidence. Dans ses toiles qui se situent entre la peinture
et l'estampe, peu de réprésentations humaines, pourquoi ? « Je
suis comme une éponge, la souffrance humaine me ramène trop à la
mienne, j'ai réussi à l'évacuer ». « Dorénavant, je
veux donner une respiration au monde, une respiration faite de
vibrations et d'ondes positives ». Ses émotions au contact de
la nature, l'artiste les retranscrit en réalisant des toiles peintes
sur lin ou tarlatane, avec une technique qu'elle a elle-même mise au
point. « J'ai tout un tas d'empreintes et de cadres
sérigaphiques dans lesquels je choisis les éléments que je veux
imprimer : arbres, racines,fleurs … que j'utilise au gré des
saisons, je les ajoute, les superpose, pour traduire un ressenti ».
Elle se compare à une lavandière : « L'eau est l'élément
clé pour obtenir la nuance recherchée, je lave, rince, rajoute de
la couleur, c'est un travail extrêmement long et délicat, souvent
je travaille mes toiles dans la même unité de couleur, si la toile
est trop encombrée de couleurs elle va saturer et la saturation tue
la vie en général … et la peinture.... »
M-H Quideau le télégramme 5/05/2018
les fleurs |
salle intitulée "l'eau" |
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